Mesdames, Messieurs, Chers amis, Chers artistes,
L’académicien des Lettres et critique André Maurois dans sa préface à A la recherche du temps perdu évoque par ces mots Marcel Proust : « Il est un nerveux, d’une sensibilité maladive(…) il souffre des moindres nuances de désaccord et enregistre douloureusement les plus faibles ondes d’hostilité(…). Des scènes par lesquelles tout autre de carapace plus dure, n’eût pas été marqué de manière durable, se sont fixées dans son esprit et le hantent, comme des âmes en peine qui demanderaient à être sauvées. »
Les créateurs exposent et ils s’exposent. Ils vont chercher en eux-mêmes une lecture du monde qui leur est propre. Ils nous proposent cette vision. Leur vision construite par les techniques artistiques au service de leur sensibilité.
Le lieu que nous ouvrons aujourd’hui est un sanctuaire hors des bruits du monde extérieur. Un lieu où nous souhaitons que vous trouviez au contact d’autres artistes l’espace nécessaire à votre créativité. La galerie atelier Twilight zone est un espace de travail, de recherche et de présentation. Souvent de jeunes artistes peinent à trouver un endroit pour offrir à vos regards leurs premiers travaux. Nous proposerons des rencontres entre de jeunes talents et des artistes confirmés. Au travers d’ateliers le travail se continuera par la transmission, l’échange des connaissances et le partage des émotions.
Nous avons donné ce nom étrange de Twilight zone à la première exposition de Réjean Dorval et à la galerie qu’il anime. Twilight en anglais c’est le crépuscule et Twilight zone c’est la quatrième ou la cinquième dimension, l’autre dimension. C’est l’espace entre deux temporalités, entre deux espaces, ces moments entre chien et loup, où de bruissants silences envahissent l’esprit tout entier et qui nous transportent. Ces instants propices au songe où l’imagination prend son tour.
Dans la première de ses Lettres à un jeune poète Rainer Maria Rilke nous dis ceci : « Il n’est qu’un seul chemin. Entrez en vous-même (…) Votre vie, jusque dans son heure la plus indifférente, la plus vide, doit devenir signe et témoin (…) Alors approchez de la nature. Essayez de dire, comme si vous étiez le premier homme, ce que vous voyez, ce que vous vivez, aimez, perdez. »
Ici vous découvrirez, dans les travaux exposés à vos regards, une recherche que Réjean mène en lui, il vous présente ces espaces à la lisière du jour et de la pénombre, avant que les premiers rayons percent la brume. Suspendues, les pierres pleurent des gouttes de temps, à moins que ce soit l’onde qui se tende. Les reflets immobiles sont mouvants. Réjean cherche au contact de ces mondes : ses absents, nos absents.
Les contraintes corporelles et temporelles agitent en nous ce sentiment que l’on ne saisi rien du monde, que nous sommes juste à la lisière, pour un temps si bref, qu’il suffit de ressentir.
Je vous remercie de votre attention et bonne soirée.
Emmanuel Druon
27 avril 2007