Les passagers
Exposition du 06 au 28 février 2010
Dessins de Bélinda Macri et Olivier Lamailière
Deux jeunes artistes de la section dessin de l’Académie des Beaux-Arts de Tournai, Bélinda Macri et Olivier Lamailière, proposent une incursion dans un microcosme où des personnages, minuscules et immobiles, nous entraînent vers une destination chargée d’onirisme.
Le dispositif artistique privilégié par Bélinda ouvre d’emblée la poétique de ses dessins sur des dimensions profondes. L’évocation de la maison habitée, de l’habitat - comme lieu de protection - est en effet une dimension importante de ses travaux récents. L’ombre projetée de petites enveloppes épinglées au mur évoque bien la maison et les personnages scellés dans de petits sachets de sucrerie se protègent.
En fait, les personnages dessinés par Bélinda ne sauraient simplement se poser sur une surface de papier – car ils seraient alors comme trop exposés, comme mis à nu. Ses personnages, menus et délicats, demandent plutôt à « habiter » leur support papier, cartonné ou plastifié ; c’est-à-dire à en faire le lieu de leur refuge. Ce lieu privilégié d’où ils peuvent contempler – et nous avec eux - le vaste monde qui les entoure tout en se laissant porter par les sentiments qui les animent.
Pour sa part, la dimension poétique des dessins d’Olivier ne saurait se réduire à la rêverie que peuvent susciter en nous des personnages évoluant dans un univers lilliputien, dans la mesure où ses dessins traduisent aussi une part d’inquiétude portée par le réel.
Le choix des supports (souvent des morceaux de papier jauni et travaillé par le temps) et le choix des sujets (des figures issus d’anciens magazines ou encore de vieilles photographies) nous renvoient invariablement à l’érosion exercée par le passage du temps. Et c’est bien ce travail lent et insidieux du temps sur le support qui semble créer ici l’espace particulier nécessaire au dessin. Comme si ce dernier avait besoin de s’inscrire au creux même de l’écoulement du temps… de s’en faire le passager. L’impression d’isolement des personnages que laissent entrevoir le dispositif et la composition des dessins, nous renvoie par ailleurs à l’érosion du lien social qui travaille le monde contemporain.
Peut-être porteurs d’une certaine nostalgie du lien, les figures et les personnages dessinés par Olivier semblent ainsi se faire tout autant les messagers énigmatiques d’une mémoire qui se serait depuis longtemps enfuie, que les passagers improbables d’un temps à jamais révolu …