"(…) tout paysage est une expérience onirique »
Gaston Bachelard, « L’eau et les rêves », Librairie. José Corti, 1942
Gaston Bachelard, « L’eau et les rêves », Librairie. José Corti, 1942
Les telluriques
Du 02 au 24 février 2013 Oeuvres gravées et dessinées d’Isabelle Happart et de Réjean Dorval Vernissage le vendredi 01 février de 18h30 à 21h. Au travers de la mise en relation de gravures et de dessins, cette exposition questionne le rapport entre identité et espace. Les processus d'identification aux paysages telluriques mis en jeu dans la réalisation de ces oeuvres sur papier ouvrent sur une rêverie de l'intimité matérielle, du repos et du refuge qui n'est pas sans évoquer la phénoménologie de Gaston Bachelard... Etre, c’est à la fois habité l’espace et être habité par l’espace. |
Comme le fait remarquer Giuseppe Penone dans son ouvrage Respirer l’ombre « l’identité est un espace, l’espace de son corps (…) l’espace où la personne se projette ». Mais on peut penser qu’au delà de notre corporéité, l’identité c’est aussi l’espace où le corps lui-même se projette. Car si l’espace est une étendue, il est également un lieu habité tout à la fois par son corps et par sa propre intériorité (son imaginaire, ses affects…). De sorte que l’espace contient le corps tout comme il est contenu par ce dernier.
Dans l’un des chapitres de la Poétique de l’espace intitulé « Immensité intime », Gaston Bachelard souligne avec justesse les liens profonds qui peuvent unir les grands espaces et notre propre intériorité dans ce qu’ils comportent chacun de part d’infini. Il évoque ainsi une « consonance de l’immensité du monde et la profondeur de l’être intime ».
Les grands espaces naturels - en tant qu’ils sont des supports privilégiés d’identification – sont sans nul doute parmi les espaces qui participent le plus à la constitution de l’identité profonde de chacun.
La thématique du paysage vaste ou immense (qui nous confronte à la singularité de notre condition), n’est donc ici qu’un prétexte commun au travail d’Isabelle Happart et de Réjean Dorval pour explorer, chacun à sa façon, la question de l’identité spatialisée.
r.d.
Dans l’un des chapitres de la Poétique de l’espace intitulé « Immensité intime », Gaston Bachelard souligne avec justesse les liens profonds qui peuvent unir les grands espaces et notre propre intériorité dans ce qu’ils comportent chacun de part d’infini. Il évoque ainsi une « consonance de l’immensité du monde et la profondeur de l’être intime ».
Les grands espaces naturels - en tant qu’ils sont des supports privilégiés d’identification – sont sans nul doute parmi les espaces qui participent le plus à la constitution de l’identité profonde de chacun.
La thématique du paysage vaste ou immense (qui nous confronte à la singularité de notre condition), n’est donc ici qu’un prétexte commun au travail d’Isabelle Happart et de Réjean Dorval pour explorer, chacun à sa façon, la question de l’identité spatialisée.
r.d.
Isabelle Happart
Vit et travaille à Bruxelles
LA BEAUTE INTERIEURE SANS FARD NI FANFARE
Tout commence par une tache, une trace, un dépôt, ... comme pour tout acte prenant en otage le temps trahissant nos propres successions gestuelles, sans repentir ni camouflage. C'est ainsi qu' Isabelle nous fait rencontrer son apparente apparence de la beauté intérieure, miroir de notre propre subjectivité. Toujours proche jamais distant. Lorsque nous ne pouvons faire autre chose autrement, l'évidence est de mise. Nous sommes composés de mille facettes et pourtant nous creusons toujours la même fêlure. L' effleurer, l' inciser, s'en rapprocher sans jamais réellement l'atteindre ... se confortant de ne pouvoir ni la combler ni la guérir. Va et vient du général au particulier, ... aux parties, aux surfaces, au local, au nominatif, toujours accompagné, toujours en situation, toujours précieusement entouré de ses « soeurs ». Chaque fragment a sa place, chaque détail est le tout. La représentation comme moyen d'aborder la surface. La perspective morale comme hiérarchie de la vraisemblance. Pas de surfaces mièvres, introductives, « entre-deux », ... elles ne sont que tendues et successives, comme des pôles qui attirent le regard et le poussent, au grès des rythmes cadencés une fois la distance accrue et la polarité changée. Chacun des pôles ayant son point de fuite et ainsi son entrée, ... sa sortie. Chaque trace est unique, rayonnante par son autonomie « collective » sans fard ni fanfare. Là où le regard se pose un voyage hypnotique commence ... Bon voyage Etyen WERY – peintre janvier 2013 |
" (...) Les paysages - aquatintes - [d'Isabelle] (...) nous disent l’étrangeté de ces lieux traversés, saisi dans une énigmatique réalité, nous parlent également de notre solitude " Arié Mandelbaum juin 2009
Réjean Dorval
Vit et travaille à Tournai
Vit et travaille à Tournai
Dessins, plis et froissements
« Il y a un moment privilégié où la gravure et le dessin se rencontrent. Dans la gravure comme dans le dessin, il y a un rapport particulier au support utilisé qui s’installe au moment de l’acte de graver ou dessiner. Un rapport physique qui consiste à marquer plus ou moins en profondeur une surface matérielle (papier, cuivre, bois, linoléum…). Cette dernière en garde la trace, la mémoire. J’ai imaginé l’effet du tracé du graveur sur une plaque de cuivre par exemple. Celui-ci creuse par ses gestes des sortes de sillons qui contiendront l’encre par la suite. |
D’abord par les plis du support papier, j’ai cherché à retrouver ces crêtes et ces creux à même mes dessins, en les amplifiant démesurément. Ils sont évidemment en même temps un rappel des reliefs naturels que ces dessins sont censés évoquer.
Ensuite j’ai cherché à mettre davantage en évidence le rapport physique souvent intense qu’implique l’acte de graver (ou de dessiner). Le graveur creuse la matière du support utilisé, l’altère définitivement.
Tous mes dessins évoquent ici des paysages de montagne, vastes, immenses. Tout en étant guidé par cette idée du relief, j’ai donc cherché à altérer en profondeur le support papier de mes dessins par un acte impliquant le corps tout entier.
De même qu’au milieu de ces vastes espaces naturels j’ai pu me sentir comme enveloppé, enlacé, contenu, de même en tentant de les dessiner j’ai cherché à les contenir. J’ai voulu simplement prolonger ce moment en enlaçant simplement le support papier, dans une sorte d’étreinte, un rapport corporel direct, intense.
Les froissements de la surface de papier en sont la trace, la mémoire ».
r.d.
Ensuite j’ai cherché à mettre davantage en évidence le rapport physique souvent intense qu’implique l’acte de graver (ou de dessiner). Le graveur creuse la matière du support utilisé, l’altère définitivement.
Tous mes dessins évoquent ici des paysages de montagne, vastes, immenses. Tout en étant guidé par cette idée du relief, j’ai donc cherché à altérer en profondeur le support papier de mes dessins par un acte impliquant le corps tout entier.
De même qu’au milieu de ces vastes espaces naturels j’ai pu me sentir comme enveloppé, enlacé, contenu, de même en tentant de les dessiner j’ai cherché à les contenir. J’ai voulu simplement prolonger ce moment en enlaçant simplement le support papier, dans une sorte d’étreinte, un rapport corporel direct, intense.
Les froissements de la surface de papier en sont la trace, la mémoire ».
r.d.
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