Lecture.
Ceci est une lecture. Une vue de l’esprit ? Un essai.
Pour
Ludovique TOLLITTE
Laura PREVOT
Raphaël DECOSTER
Sylvain DUBRUNFAUT
Et aussi Réjean, Laury et David, pour Meggy aussi et pour vous :
Bruissements d’avril.
Poésie dessinée, rêves d’enfants qui ne sont plus tout à fait des anges, à moins que les anges soudainement soient sexués et sexualisés, primitifs, liberté réelle ? Le jeune homme marche, il est l’enfant musicien, le petit joueur de flûte qui nous entraine dans son dessin animé, sans un souffle, sans un bruit, il nous transforme, nous rappelle que le chemin le plus court entre deux points n’est pas toujours la ligne droite.Jour de pluie sur les souvenirs. Jour sans fin dans la maison des souvenirs. Et la tristesse.
Encore une fois il est question de passage. Bruit de bottes à la frontière de nos rêves.
Il marche. Vagabond sur les chemins de vents. Il court. Il pleure. Il vente. Et tempête et souffle et hurle. Il court puis s’abrite. Les gouttes tombent de l’arbre, immense, énorme, s’essoufflent et se posent.
Il marche. La tristesse et l’ennui. Infatigable et triste.
La haut, plus bas, sous la branche, c’est là , oui, c’est cela. Il chante maintenant et court.
Il valse et s’essouffle encore. L’esprit à l’humeur changeante et vagabonde.
Il valse comme un objet, jeté aux orties, dans la gueule des loups, comme un pantin que l’on désarticule, il vole. Il sent la mort qui rôde. Et vente et bruite et fuite et puis s’arrête. Tempête et souffle et tombe.
Enrage et rage. Il gueule et hurle.
La colère. Depuis le premier souffle et jusqu’à son dernier souffle. La colère rampante, prête à jaillir que l’on croyait éteinte et que parfois une image, un son, une idée, une parole suffisent à rallumer, et qui repart de plus belle, aussi tenace que ce feu que l’on croyait éteint lors qu’il passait de racine en racine.
La colère plutôt que le découragement profond.
La colère plutôt que le renoncement.
La colère parce que l’on y croit encore, à un autre possible. Qu’un autre monde est possible. La colère aux vertus salutaires, la colère qui nettoie l’âme comme un orage nettoie le ciel. La colère précédée de tensions et de calme, de silences assourdissants et de retenue.
Mais soudain la digue pète. Le flot surgit et ravage tout.
Vulnérable. Vulnérable et colérique. Voilà comme il se sent. Ce vieux sentiment de refus. Diffus sentiment du refus. Emballements suivis de ravageuses désillusions. Des Hauts et des bas. La vulnérabilité. L’extrême sensibilité.
Esprit hyper vigilent, hyper réceptif, presque extra lucide, hyper lucide en tout cas.
Il flotte. Il marche toujours. Il (l’esprit) L’esprit et ses pieds au raz de la fine semelle de crêpe de son soulier qui frottent le schiste du pavement dé jointoyé. Il grésille comme un vieux transistor. Il gratte. Il gronde. Il ramasse un caillou. La poussière par volutes lui embue le regard. Il fronce les sourcils et cherche son souffle et la lumière, tantôt trop vive, loin encore assez le tonnerre qui roule et s’enroule vague et divague et cent vagues et mille écumes de feu.
Il dort maintenant. Au pied de l’arbre, couché dans l’ombre. Humide encore des pluies battantes effondrées. Au sol. A terre. A la surface et peut-être déjà sous la terre. En rapport avec la mort. Et couché là sous l’arbre. Il rêve.
Derrière le carreau. L’homme pense. L’esprit, le trait, le dessin qui se fait.Il vire, et volte et virevolte. Et souffle, s’essouffle, léger, libre, s’ébroue et s’enroule, se déroule, et frappe le sol, puis d’un pas léger, semble disparaître, là bas au détour du bois, dans la brume à peine levée.
Les vents aux parfums mêlés. Le reste d’un monde sans lumière et sensible. Encore un petit moment volé au temps inexorable et furtif.
D’un instant à l’autre, au détour d’un chemin creux ou derrière la futaie bruyante et froissée de mille insectes affairés, d’un instant à l’autre, derrière la brume à peine levée, vous entendrez et vous apercevrez, si vous le souhaitez et parce que vous autoriserez votre esprit vagabond, au détour de la futaie, dans la brume évanescente de cette journée qui s’ouvre au monde, comme au commencement du monde un instant plus tôt. Vous traverserez et sans prévenir, ce sera là, simplement posé devant vous, à peine entr’ouvrirez vous la paupière, que ce sera là.
Le trait frémissant qui ne défini pas la forme mais qui délimite l’espace sans contrainte et qui suggère. Comme un phasme posé sur l’onde blême.
L’esprit libre.
Comme un phasme posé sur l’eau d’avril.
Au Bruissement de l’avril frémissant.
Celui des derniers jeux de l’enfance. Loup y es tu ? Que dis tu ?
Libre Esprit.
Comme un phasme posé sur l’onde blême, le trait frémissant.
Le trait, l’esprit. Le dessin et la forme.
Bruissements d’avril. Exposition de dessins en avril.
Emmanuel DruonAvril 2009.